« Saleté de réveil » J'attrape mon portable qui vibre et sonne en même temps d'une main ferme, et l'éteins. Comme si cela ne vous arrive jamais d'oublier d'enlever l'option réveil de votre portable, alors que vous êtes en week-end. Quelques grossièretés continuent de sortir de ma bouche pendant que je pousse les draps et saute hors de mon lit, bien chaud et douillet. La grasse matinée et moi, c'est une histoire d'amour qui a commencé à mes dix ans à peu près. Les années avant, je me levais avant tout le monde aux alentours de sept heures, juste pour me mettre devant les dessins animés avant ma petite sœur. Puis en grandissant, vous vous rendez compte qu'en fait, la télévision ne vaut pas deux heures de plus dans votre lit, à trainer. A la cuisine, je me sers un café bien noir avant de partir enfiler un costume simple, comme ceux que je mets toute la semaine pour aller au bureau. Car en fait, en étant agent du FBI, ou flic tout court, votre week-end peut se raccourcir en un seul coup de fil. Autant être prêt au cas où ... Je bois mon café d'une traite avant de prendre possession de mes clés de voiture et de filer en direction du Patty's Cake après avoir envoyé un petit sms à Loraline.

Notre endroit favori à tous les deux. C'est souvent que deux personnes qui s'apprécient ont un lieu en commun où ils aiment se retrouver ou passer du temps, ensemble. Avec Leave, on va souvent au petit bar juste en bas de nos bureaux, on y boit une bière bien fraiche avant de rentrer chacun de son côté, après qu'elle refuse de diner avec moi en tête à tête. Un jour, elle cédera à la tentation et elle acceptera de passer un moment intime avec moi, j'en suis persuadé ... Il lui faut juste un peu de temps. J'entre alors dans le petit batiment où sont déjà présentes quelques personnes. Patty's Cake. La meilleure pâtisserie que je connais à ce jour. Je m'installe à une table ayant reçu une réponse positive de la part de Loraline qui m'a dit qu'elle serait là dans quelques minutes. Elle et moi, on a vécut à peu près le même enfance, ou en tout cas on l'a tous les deux eu difficile. Donc quand j'ai besoin de parler, de vider mon sac, c'est à elle que je fais appel. Ou alors, lorsque j'ai tout simplement envie de la voir, car c'est avant tout une personne que j'apprécie énormément. Peu de personnes ont ma confiance ... Elle, elle l'a. Je regarde ma montre et jète un coup d'œil a la porte d'entrée. Il est dix heures et personne à l'horizon. Voyons, qui fais-je prendre pour faire passer le temps ... Elle là-bas, accompagné d'un homme. Non, trop facile : elle est avocate, rien qu'à sa façon de se tenir, on le sait et puis j'ai épousé une avocate, donc je sais de quoi je parle. A son anneau, je dirais marié, mais pas très fidèle ... L'homme face à elle n'est pas son mari, il est bien trop jeune pour elle, mais bon on ne peut pas en vouloir à ce jeune homme, c'est vrai qu'elle est charmante. J'essaye de trouver quelqu'un à comprendre autre que ces deux-là qui n'attendent qu'à se sauter dessus. « Je vous apporte quelque chose ? » me demande un homme en venant vers moi. « Peut-être plus tard, j'attends quelqu'un ... » Je lui adresse un bref sourire avant qu'il ne reparte.

Après quelques minutes à arranger ma cravate, je vois enfin Loraline arriver. Je lui lance un sourire sincère alors que je me lève pour la prendre dans mes bras quelques secondes. « Merci d'être venu » la remerciais-je en me rasseyant. Une des choses qui fait que j'aime me confier à elle, c'est qu'elle est franche et directe, tout comme moi et j'aime la franchise. « Tout va bien pour toi en ce moment ? » Je fais signe au serveur qui était venu me voir quelques minutes auparavant pour qu'il vienne prendre notre commande avant de reposer mon regard bleu sur Loraline.

Mes nuits étaient courtes, mes cauchemars me bouffaient. J'étais sur le point de craquer, je n'arrivais plus à rien. Depuis que cette nouvelle enquête avait commencé ma vie était totalement entre parenthèse. Je m'impliquais trop, je n'avais jamais fait de cauchemars concernant mes enquêtes. Du moins je n'en avais jamais fais depuis la toute première. Pourtant il n'y avait rien qui me touchait de près ou de loin, rien de particulier. Peut-être était-ce le fait que je n'arrivais même pas à trouver une piste, que j'avais beau passer des jours et des nuits dessus rien ne venait. Lorsque je fermai les yeux, je me voyais courir après ce violeur sans jamais réussir à l'attraper. Mon inconscient ne faisait que me dire ce qui n'était déjà, je n'arrivais pas à mettre la main dessus. J'étais plus qu'énervée. Levée depuis cinq heures du matin, je tentais une nouvelle fois d'ouvrir le dossier pour trouver ne serait-ce qu'un petit indice. La sensation était la même, depuis quelques jours j'avais l'impression d'échouer. M'y concentrant pendant trois heures je finis par le reposer. J'avais vingt-quatre putain d'années et j'étais la meilleure flic de ma promotion, alors qu'est-ce qui m'arrivait à moi, Loraline, la fille aussi fière qu'un mec et plus ambitieuse que n'importe qui. Je savais ce que je valais, certains prenaient ça pour de la prétention, mais peu m'importais. Je n'avais que faire d'écouter les babillages des autres alors que d'importantes affaires avaient besoin de moi. Je soufflai, ouvrai mon réfrigérateur vide. À passer si peu de temps dans mon appartement, je n'avais plus rien à bouffer de bon. J'avais un grand appartement en bordel, j'étais très méticuleuse sur certaine chose, mais concernant mes biens matériels, je ne faisais que peu attention. Mon appart' était propre, seulement quelques, voire beaucoup, d'affaires trainaient ici et là. J'allais dans ma salle de sport improvisée, la chambre d'ami, où j'avais mis un punshing ball. Je m'y défoulais lorsque j'étais à cran, c'était le cas à ce moment là. Alors que les coups se faisaient de plus en plus dur contre le sac de cuir, j'entendis mon portable sonné, je continuais encore un peu, sachant que ce n'était qu'un sms. Les portables et moi n'avions jamais été de grands amis, j'arrivais à peine à me servir des touches pour envoyer un texto, il ne me servait que pour les appels. Je n'osais même pas compter le nombres de téléphones que j'avais eu rien que cette année là, j'avais la fâcheuse habitude à les balancer contre le mur lorsque j'étais un peu trop énervé ou alors lorsque mon coéquipier m'exaspérait un peu trop. Je pris le téléphone portable pour en lire le contenu « Rendez-vous au Patty's dans 10min ? », demandait Skyle. Les dix minutes étaient déjà presque passé, je savais que j'allais être en retard et pour cette raison je ne tentais pas de m'excuser par sms. Je pris une douche rapide, puis m'habillai avec les premiers vêtements qui me vinrent en main. Un bas de jogging et un top noir assez près du corps. Je m'attachai les cheveux en un chignon désordonnée, fait rapidement. J'étais une personne ponctuelle, je détestais avoir du retard, peu importe pour quoi.

Je pris mes clés de voiture et ma petite sacoche, je n'aimais pas tellement les sacs à main, joli mais pas toujours si pratique. On se retrouvait souvent au Patty's Cake avec Skyle lorsqu'on avait un peu de temps. J'aimais passer du temps avec lui, c'était comme un temps mort dans une course effrénée, comme la pause déjeuné entre deux dossiers. Nous avions à peu près le même caractère, je voyais en lui comme un genre de mentor, de grand-frère. Ça faisait toujours du bien d'avoir une personne avec qui parler en toute sérénité, sans s'attendre à de la moquerie ou bien à un manque de réaction. On avait aussi nos moments de délires, qui m'étaient aussi essentiel. Skyle était le mars que je mangeais lorsque j'avais besoin d'une vraie pause. J'étais dans la voiture, tout près de notre lieu de rendez-vous, me demandant pourquoi il était levé si tôt. Lui qui aime se lever tardivement, qu'il faut pousser hors du lit le weekend. Je me garais sur le parking, avant de partir vers la petite pâtisserie. La meilleure de toute la ville d'après moi. « Merci d'être venu » me dit alors Skyle lorsque j'arrivais. Il me pris dans ses bras quelques instants, moi qui n'était pas à l'aise avec les câlins, j'avais pris l'habitude des siens jusqu'à les apprécier. Je lui souris m'asseyant à la table, tandis qu'il prenait de mes nouvelles : « Tout va bien pour toi en ce moment ? ». Je grimaçai un peu, « Je suis sur une grosse affaire, et je bloque. Tu sais comment je suis dans ces moments là, je force encore plus. Et toi alors, comment tu vas ? ». Le serveur arriva et je commandais une tarte aux fraises et un muffin au chocolat, je me sentais d'humeur gourmande. « Comment ça se fait que tu sois levé si tôt ? Enfin tôt pour toi du moins, tu es malade ? » rigolai-je.

« Je suis sur une grosse affaire, et je bloque. Tu sais comment je suis dans ces moments là, je force encore plus. Et toi alors, comment tu vas ? » « Oui, je sais comment tu es dans ces moments là, encore plus insupportable que d'habitude. » répondis-je en rigolant. Elle est une des rares à échapper à mes répliques idiotes et malsaines, quoi que, pas tout le temps. Je lui souris sincèrement, avant de répondre à sa question. « Je vais plutôt bien ces derniers temps. Nous aussi on a eu une enquête difficile à clôturer, mais on s'en est sorti. » Elle et moi, nous avons la même réaction face à une enquête qui fait du sur place. On se donne au maximum tous les jours et lorsqu'une enquête comme cela tombe, on redouble d'efforts, même lorsque l'on est complétement crevés voir exténués. Je pense que si l'on est flic et que l'on n'a pas cette hargne, on est pas un bon flic. Le serveur se rapproche de nous et Loraline se fit plaisir en commandant que de choses très bonnes pour la ligne. Gourmande, ce matin. A mon tour, je commande un muffin au chocolat avec un café bien noir et bien corsé. « Comment ça se fait que tu sois levé si tôt ? Enfin tôt pour toi du moins, tu es malade ? » Je la regarde rigoler, souriant par la même occasion. « Oh, j'avais envie de me lever de bonne heure aujourd'hui.» Elle n'a pas l'air convaincue, je n'aime pas vraiment lui mentir même pour des pacotilles. Je remercie le serveur qui me dépose mon café sur la table accompagné de mon muffin alors que Loraline pose ses yeux sur ses pâtisseries. « J'ai oublié d'enlever le réveil de mon portable ... Sinon, je serais restais dans mon lit encore quelques heures sans hésiter. » Elle n'a pas intérêt a se moquer de moi, car je suis sûr que cela lui est déjà arriver au moins une fois dans sa vie. Enfin, j'espère ...

Je bois une gorgée de mon café chaud. Je mords dans mon muffin et une fois ma bouchée avalée, je relève les yeux sur la jeune brune. « Tu veux qu'on discute de ton enquête ? Mon talent pourra peut-être t'aider. » Sérieusement, si je peux l'aider à se décoincer, j'aurais fait ma bonne action de la journée. Je passe une main dans mes cheveux décoiffés avant de me laisser tomber au fond du fauteuil où je suis assis. Quelques rayons de soleil veulent bien se montrer dehors, alors que les rues se remplissent doucement mais surement.